- • Ukiyo était un véritable consul à l'heure actuelle, mais il n'en était pas moins un Songe. Certes il avait suffisamment d'information pour partir sans attendre remplir sa mission, mais il aimait se renseigner. Il cherchait alors dans la bibliothèque personnelle du Consulat pour trouver un texte faisant mention d'une statuette en or. Ce n'était pas chose difficile, il y avait grand nombre de relique de ce type-là, mais un seul passage parlait d'un démon. Ce dernier prendrait, parait-il, la forme du pire cauchemar de celui qui tente de s'approprier la statuette. Le peintre n'avait pas besoin d'en savoir plus, il se connaissait et savait ce qui allait apparaître face à lui. Il allait jouer de ça et si la faute devait être rejetée sur quelqu'un, ça serait sur le Consulat et non sur lui-même. Pourquoi parler de faute ? Patience, on ne demande pas à un artiste de raconter une œuvre à peine entamée.
Ukiyo était arrivé à Sherwood avec son propre vaisseau, il n'aimait pas trop voyager de la sorte mais c'était pratique. Au moins, de cette façon il pouvait songer seul et réfléchir à tout ce qui lui passait par la tête. Sa foi en Amaterasu ne faiblissait pas, mais il sentait la puissance de Yamata no Orochi grandir. C'était une chose inexplicable, impalpable, mais il le ressentait tout au fond de lui. Il espérait seulement recevoir un message de sa déesse lui disant quoi faire, lui dire qu'il n'était pas sur le mauvais chemin. Même sans message de sa muse, il était sûr de bien faire et n'allait pas baisser les bras devant le mutisme de cette dernière.
La verdure était luxuriante en ce lieu, mais apprécier le paysage n'était pas permis pour le moment. C'était tout de même fort dommage, il avait une envie de peindre comme cela lui prenait rarement. Soit, il reviendrait certainement plus tard afin de combler cette envie qui fait battre son cœur. Il observait une toute dernière fois les paysage avant de reprendre la route vers un château. Mais c'est à ce moment qu'il s'était rendu compte d'une chose, il s'apprêtait à commettre un vol pour le compte des consuls. Il avait toutes les excuses pour procéder comme il l'entendait et cette fois la discrétion n'allait pas être de mise. Enfin, il n'était pas idiot tout de même et s'il pouvait éviter d'entacher la réputation du Consulat, il le ferait. C'est juste que rien ne pourra lui être directement reproché, du moins c'est ce qu'il pensait sincèrement.
Pour que le Consulat ne soit pas reconnu, un consul se devait de ne pas montrer une quelconque affiliation avec ce groupe. C'est pourquoi il prit son pinceau pour faire sa première œuvre de la journée. Un masque, mais celui-ci n'était pas comme ceux des boutiques de farces et attrapes. Non, celui-ci en plus d'épouser parfaitement les courbes du visage de celui qui le met, lui donne la forme d'un autre. Ainsi il est quasiment impossible de le reconnaître. Seulement c'est un objet assez désagréable à porter et cacher sa beauté ne plaisait pas plus que cela au peintre. Mais c'était une chose efficace, bien sûr ça ne changeait pas sa voix ni sa façon de se mouvoir mais ça suffirait pour masquer un tant soit peu son identité.
Ukiyo arrivait alors devant le château, sachant pertinemment que sa destination était les sous-sols. Cela peut paraitre étrange mais l'entrée n'était pas surveillée malgré toutes les richesses qui y étaient entreposées. C'était très certainement à cause de la statuette maudite, ils devaient tous en avoir une peur bleue. Il poussa la porte n'étant même pas verrouillée. L'intérieur était sombre mais certaines ouvertures permettaient aux rayons du soleil d'arriver à l'intérieur. Il y avait de nombreuses pièces d'or et encore plus de bijoux. Le peintre n'avait encore jamais vu ça jusqu'ici. Mais ce qui l'intéressait se trouvait tout au fond dans la pièce, dans les recoins les plus sombres. Mais même avec cette absence de luminosité, la statuette brillait, l'ambiance était telle un tableau de grand maitre. Il s'en échappait comme une fumée noirâtre et surtout ténébreuses. Cela dégoûtait le Peintre des Rêves alors qu'il était à une bonne dizaine de mètres de l'artefact.
Il continuait pourtant de s'en approcher, redoutant ce qui allait se passer. Son pire cauchemar étant Orochi, il ne faisait aucun doute qu'une matérialisation de ce dernier allait apparaître. Il restait à savoir la taille et la puissance du dragon à huit têtes. Il toucha cependant la statuette, mais rien ne se passait, le silence était encore plus percutant qu'avant. Il prit alors à pleine main l'objet faisant bien quinze kilogrammes. La mission s'annonçait bien plus aisée que prévue jusqu'à qu'il remarque que le peu de lumière qu'il y avait, diminuait. En se retournant il put voir un monstre de la forme qu'il avait imaginée, c'était bien une représentation de Yamata no Orochi, mais avec une seule tête. Celui-ci était fait de fumée mais lorsqu'il se mit à attaquer et que la tête percuta un mur, ce dernier s'effondra. Il était tout ce qu'il y avait de plus palpable. Par chance il n'était pas aussi grand que doit l'être le vrai dragon, mais le danger persistait toujours. C'était très certainement le moment qu'allait préférer le Songe. Il faisait longtemps qu'il n'avait pas causer de trouble dans un monde et celui-ci ne croyant pas en Amaterasu allait sûrement en pâtir. En réalité, les coups du monstre étaient certes puissant mais lui ne valait rien en tant que tel. Sa consistance spéciale faisait de lui un être facilement manipulable. Alors que le dragon s'apprêtait à attaquer une nouvelle fois en chargeant sur lui, Ukiyo resta figé le fixant droit dans les yeux. D'un simple geste de la main qui tenait le pinceau, le consul envoya le crâne de ce monstre contre la paroi.
Profitant qu'il soit sonné, le Songe prit la direction de la sortie tenant toujours la statuette dans sa main gauche. Son visage était inexpressif, pas seulement grâce au masque, mais voyant que ce n'était rien d'autre qu'un sortilège, il ne s'en inquiétait pas. Il avait en lui les pouvoirs d'un Dieu, il n'avait nulle crainte à avoir. Une fois dehors il posa l'artefact et se retourna vers le dragon qui se relevait. D'ici on voyait mieux à quoi il ressemblait, c'était qu'une sorte de serpent noir, avec des écailles pointues et un regard de braise. Le peintre pris le contrôle des pierres s'étant effondrée pour attaquer le monstre et une fois qu'il fut suffisamment faible, il utilisa le corps du reptile pour dévaster le château. Le sortilège avait fini par se rompre, il était sûrement temporaire et de ce qu'on dit, personne n'avait survécu jusque là. Enfin soit, il pouvait maintenant partir et une fois loin, il retira son masque. Son rapport allait être simple, lorsqu'il est arrivé sur les lieux, un homme a envoyé un dragon dévaster les fondations du château. Mais par chance il avait réussi à dérober la statuette sans que rien ne lui arrive. Après tout, le consul ne pouvait pas avoir attaqué les lieux, tout le monde le savait trop faible pour cela.