Les ténèbres s'ouvraient brutalement sur le sol poussiéreux, balayant ces futilités qu'on voudrait anéantir. Poussière, tu retourneras en poussière. Un long manteau sombre titubait vivement, reculant, trébuchant, s'écroulant, avachie contre terre. Une mélodie désagréable à ses oreilles. Haletante, la fine silhouette noir tentait de se relever une première fois, en vain, s'effondrant une nouvelle fois en embrassant cette poussière, encore. Un dernière inspiration, elle s'aidait de ses bras, peinant à se tenir sur ses jambes, gémissant de douleur. Ses yeux, ils transparaissaient de haine, de colère, de rage. Fausses émotions ou illusions elle s'en fichait, la rancune était là, la dévorant, le goût amer de la défaite lui restait en travers de la gorge. C'était donc ça qu'on ressentait lorsque l'on se faisait trahir.

Une première fois, le néant l'avait entraînée vers ce qu'on appelle la mort. La faucheuse avait prit l'apparence d'une jeune garçon aux cheveux hirsutes, cette clé qu'il détenait fascinant le monde avait ouvert les portes des enfers et y avait enfermé l'acariâtre teigneuse en espoir de ne plus la voir souiller de son venin la félicité que la lumière bâtissait. Mais cette jeune femme aussi diabolique soit-elle aux yeux d'autrui, aspirait à cette même quiétude. Recouvrer un cœur, peu importe le moyen, là était le véritable but de l'Organisation XIII à ses origines, ressentir de nouveau, aimer encore et pleurer à jamais, un bien noble objectif. Mais la malveillance de l'humanité était encore là, malgré leur état vide de sens et de réalité. Celle qu'on considérait comme une garce aussi, avait prit par à cet amusant complot. Amusant était le mot. Les marionnettes sont toujours pleines de surprises, des vrais diablotins.

Qu'il était plaisant de savourer ces instants. Le sourire en coin. Ce rictus était-il une illusion ? Non, un souvenir doux et agréable qu'on aime se remémorer comme nos friandises préférés. La douleur, voilà son terrain de jeu favoris. Les cloportes était tellement mieux couinant et rampant. Qu'il était plaisant de savourer ces instants. Ceux qui contribuent à cette chaîne qu'on appelle mémoire, la voir glorifiée par des maillons dorés, des précieux souvenirs. Eux aussi, nous aimons nous les ressasser. Ah, que le passé est mielleux et excitant. Or, l'histoire est cruelle avec ceux qui n'ont font plus partie. Il suffit qu'un maillon soit corrompu par le sang, rubigineux, pour que la chaîne se brise, retombe dans l'abysse, les ténèbres. Xemnas, traître à ton nom ! Terra ou Xehanort peu importe ton foutue patronyme, ton visage est celui d'un homme mort. Tu désirais recouvrer comme nous, cette chose palpitante, rembourrer ta coquille vide de sens et d'existence. Beau parleur que tu es. Si ça ne tenait qu'à elle, on lui aurait coupé la langue et la lui faire avaler, sa propre histoire.

'' Xemnas... ! Xemnas, Xemnas, Xemnas ! XEMNAS ! s'énervant comme jamais, la belle répétait ce nom pour le haïr encore plus. Pauvre ahuri borné, je te méprise de toute les fibres de mon corps. Kuh ! son regard tressaillait en même temps que ses mots à chaque fois que la douleur la lançait. Tu n'es le héros d'aucune histoire, tu n'as rien compris. Xemnas, pauvre idiot, je te maudis... Jusqu'à la fin de tes jours ! ''

S'éloignant du Manoir Oblivion, traînant, se maintenant son bras droit, engourdi et parsemé de brûlures. Son éminente tenue du cartel de Similis n'était plus que nippes et haillons. Parsemée de trous dût aux multiples brûlures et taillades de la part de son dernier adversaire plus que coriace, son manteau était des lambeaux de cuirs.

Un costume à l'image de la déchéance de Larxene, numéro XII de l'Organisation XIII.

Cet imposteur, ce sale escroc, cette enflure ! Cette vie n'offrait plus l'occasion à la désagréable jeune femme de continuer, sa vengeance sera dans une autre vie, ailleurs. Les êtres du néants ne disparaîtrons jamais. Ils sont condamnés à errer tels des fantômes et celui de la Nymphe Furieuse viendra hanter la misérable subsistance de celui qui avait osé la blesser ainsi. Elle sera son remord. En attendant, c'était elle la victime, cible de son affliction, elle trahissait son principe unique de ne jamais faiblir, de ne jamais connaître la défaite. Cette fois encore, le glas sonnait encore, elle détestait cette sonorité lugubre. Une promesse ? Non, plutôt une trahison. Est-il plus juste de renier ses principes en abandonnant ou mourir en conservant nos croyances ? Sauvegarder l'honneur au prix de la vie ou épargner dans la honte. Une choix qui n'allait certainement pas l'arrêter, elle, la foudroyante créature animée par l'unique désir de représailles.

Le pantin qu'elle était avait tranchée ses fils, ses membres étaient libres et pouvaient s'accorder leur propre destinée, un funeste avenir qui appartiendra à la postérité. Non. Elle refusait d'appartenir à quoique ce soit et encore plus au superflus. La plus prééminente Simili de tout les temps ne se laissera pas faire pas une loque. La maîtresse de la toute puissance, suzeraine, princesse des foudres du néant, souveraine de la souffrance, descendante des nuages pour répandre la fureur céleste. Elle faisait partie des dieux, ceux qui avait trompés le trépas des années, éternelle. Cette descente vers les abysses, même si elle était déjà en enfer, un des bourreaux procurant milles géhennes aux damnées. Quel était cet endroit plus bas que l'abîme ?

Le bruit de ses blessures résonnait en écho dans les tréfonds de la coquille vide qu'elle était, un son amer et douloureux faisait vibrer cette armure creuse, l'effritant. La belle égérie connaissant mille et un supplices ne pouvait pas identifier sa situation, cette sensation étrangère. Des papillons voletaient dans son ventre, à chaque battement de leurs ailes, elle gémissait péniblement dans sa respiration peinant, courte et froide. La sueur perlait modérément son visage couvert d'estafilades écarlates, son cou montrait une rougeur ardente, crépitant sous le sang encore chaud et luisant. Il n'y était pas allé de main morte, ce n'est pas pour rien qu'on le surnomme le Supérieur. Un duel entre acharnés. C'était celui qui était le plus déterminé qui ressortirait victorieux et elle avait perdu ce combat.

Pourtant, elle était persuadée qu'ils allaient bientôt se revoir, que son méprisant aîné allait mourir plus vite qu'elle ne l'espérait, une intuition. L'instinct féminin c'est-il déjà trompé ? Même si à l'heure actuelle il s'agissait plus de la rage, le désir de l'étrangler jusqu'à ce que sa sale face abjecte explose et se répande sur le sol, là où les insectes ont leur place. Peut-être le piétiner ensuite mais cela risquerait de salir ses bottes. Ses chaussures qui aurait prit un temps fou à les nettoyer avec un être aussi odieux, la langue de ce cloporte aurait été parfaite. Le voir à quatre pattes en léchant voracement les talons de Larxene, que cela aurait été beau, que cela aurait été jouissif. Pour pimenter le tout malgré le ton doucereux et sucré de ce fantasme, elle l'aurait frappé de multiples coups de pieds malgré le fait qu'il soit à terre en train de pleurer comme un sale gosse ou rester stoïque comme la pierre. Elle s'en ficherait, ce genre de situation à le chic pour l'amuser. Ce n'est qu'un rêve de jeune fille après tout. Hu hu. Qui n'a jamais rêvé d'arracher des cris d'agonie sans précédents, des larmes de désespoir réclamant la fin, d'admirer sa victime ensanglantée, d'admirer notre sadisme. La cruauté est inhumaine, très bien, dans ce cas, être un monstre est beaucoup plus génial.

Rêvassant, regrettant ce genre de songe obsessionnel, la bave d'extase gagnerait presque ses lèvres. Le térébrant monde dispersa ses chimères idylliques avec ses déchirants dommages. Foutue soi l'existence.

Brusquement, des grésillements retentissaient non loin du manoir. Des Similis apparaissaient en nombre, des Reflets. Alors ce scélérat à deux Munnies voulait faire un peu de nettoyage de printemps ? Son regard haineux posé sur ces gringalets frétillants, la peu commode sauvage tentait tant bien que mal d'invoquer ses poignards électrifiés. Rien n'y faisait, pas même une petite étincelle faisant vibrer ses doigts. La lady n'était même plus capable d'allumer une ampoule. Ce salopard l'avait grillée en beauté.

Hésitante sur le coup, elle voulait envoyer voler ces badauds indésirable, néanmoins la numéro XII était trop faible pour combattre une telle armée. L'un des ennemi n'attendait plus, serpentant en sa direction, l'épine blanche à proximité bondit sur la jeune femme. Un coup de poing racoleur le stoppa net et d'un geste élégant, le fit fusionner le crâne contre le sol en prenant soin de piétiner ce cafard dans une poussière grisaillée. Ironique dans un sens. Sa magie était certes épuisée mais sa force physique était un atout dans sa manche encore valide. Retombant à genoux sous le choc de sa propre attaque, elle gémissait devant l'effort. Non, combattre n'était pas la solution. Se rétablissant difficilement tel une gamine qui serait tombé sur son petit derrière, elle marchait à son rythme vers ce qui était sombre au loin, loin de cet endroit qu'elle méprisait, haïssait et tout ce qui s'en suit. Un acte lâche mais raisonnable, ou désespéré, car les détracteurs commencèrent à la poursuivre sur ce long chemin de poussière s'évaporant dans l'ombre.

Que quelques maigres mètres et ses traquant l'avait rattrapé. Un Reflet couru vers elle et un coup de coude réprobateur calma sa passion un peu trop collante. Une autre attaqua Larxene dans le dos, la repoussant dans un long grognement. Ses congénères suivirent en lui sautant dessus, la rouant de coups.

'' Bande d'enfoirés... Lâchés-moi la grappe ! ''

Un tourbillon colérique balaya ses prétendants alors qu'elle était de très mauvaise humeur. Les détracteurs continuaient à affluer, l'encerclant. Reculant par la même occasion, fulminante, le vide interrompit ce petit jeu ridicule. Regardant l'abysse, on ne percevait pas de fond, juste la noirceur. Se perdant devant ses agresseurs, ses yeux méprisant finir par renoncer. Elle acceptait la mort. Plus rien ne la retenait dans son monde, sa décision était toute autre. Des filaments vaporeux désagrégeaient son corps petit à petit, des ronces bardés de pétales ténébreuses soufflait sa non-existence hors de cet endroit, hors de la vie, si on peut appeler ça la vie.

Regretter ? Ce n'était pas sa tasse de thé. Cette femme est le genre de personne à se noyer dans un objectif, se faire engloutir par celui-ci, tourner à la psychose si cela pouvait aider à l'accomplir. Ignorant le tourment, elle devait réussir, l'échec n'existe pas pour une gagnante.

Comme si la faucheuse avait tendu l'oreille à sa volonté, la pierre s'effondra sous ses pieds. La Nymphe Furieuse basculait dans le vide sans fin. Sa chevelure blonde scintillant dans les frottements de l'air. La personne qu'elle était s'évaporait. Mais non, elle ne regrettait rien comme le dit la chanson.

'' Non je ne disparaîtrais pas Xemnas ! tout en tombant dans l'oubli, son regard changea du tout au tout, on aurait dit une tueuse en série s'extasiant devant sa prochaine victime, riant comme jamais. Ha hahahaha haha... ! Non je ne disparaîtrais pas Xemnas ! Mon fantôme te hantera jusqu'à ce que tu claques la bouche ouverte ! J'en fais le serment ! elle avait presque disparue, on ne voyait plus que son œil, floué, un unique œil turquoise exorbité, obsédé. Je vais te butter Xemnas, je ne te laissera pas t'en tirer aussi facilement pauvre abruti ! Moi Larxene, je te maudis... Jusqu'à la fin de tes jours et même en enfer ! Ha hahaha haha... ! ''

Un ultime rire scella le destin de la Simili dans les entrailles du néant. On ne l'entendait plus, même le vent s'était tût. Les pions de l'Organisation XIII regardèrent en bas. Plus aucune trace de la numéro XII. Des menaces en l'air ou bien un pacte avec le diable. Ça, personne ne le saura jamais. Entre la lumière et les ténèbres, il n'y a pas un murmure, juste un silence doré, une dorure qui a perdu son éclat par l'abondance du sang sur le glaive des soldats éreintés. A vouloir tricher avec la nature, les penseurs grillerons les uns après les autres sous le courroux incandescent des déités. Rédemption, tu es notre salue. Vengeance, tu es le sein de notre mère. Ambition, tu es notre pierre tombale.

Telle est notre malédiction, d'aspirer à l'absolu, de le perdre sans cesse et d'y survivre toujours.