La souris & les poules.

- Mes poules. Mes merveilleuses poules. Ils se sont enfuies...
- Ne paniquez pas, sire. Je vais les retrouver, moi. Restez calme.
- Oh, merci! s'exclama le viellard. Ah, et pendant que j'y pense, quand les poules étaient sous ma tutelle, j'avais l'habitude de fredonner des odes improvisés pour les rallier... et ça fonctionnait à tous coups...
- Je vais chanter alors. Allez vous reposer un peu, très cher. Je m'occupe de tout.

Le Roi Mickey quitta les lieux tout bonnement, sourire aux lèvres. Que nous valait cette allégresse bien singulière? Même lui n'en savait rien. Peut-être était-ce la soirée romantique qu'il avait passée aux côtés de sa dulcinée hier? Ou encore l'année qui se terminait? Mais la raison n'importe peu. Dans cette ordre d'idée, le monarque décida d'épier la zone forestière avant de s'attaquer au patelin en soi. Tout en se frayant facilement un chemin entre les racines, les troncs d'arbre et les innocentes créatures qui osaient gambader près les jambes du Roi Mickey. Ce dernier, à l'affut des moindres bruits ou mouvements suspects, chantonnait librement, comme lui avait conseillé le vieillard qui avait perdu lesdites poules. Alors qu'à l'accoutumée le souverain aurait eu de la difficulté à improviser de telles symphonies vocales, sa joie particulière lui octroyait aujourd'hui une plus grande inspiration; une aisance créatrice :

- Que la veillée est jeune, que la Lune est belle!
Allez gentilles et douces poules, entrez dans cette ribambelle,
Ne fuyez plus, très chères, car je suis ici pour vous rapporter la joie,
En vous aidant à retrouver la maison dudit bourgeois.

Des poules s'approchèrent, intriguées. Le Roi Mickey en profita pour cheminer vers elles et tenter de les prendre, mais ces dernières se mirent à courir dans toutes les directions. Une culbute aérienne, une vrille incroyable et un ou deux saltos et le tour était joué. Le monarque, satisfait, rapporta les animaux de la basse-cour dans leur enclot, sous le sourire comblé du vieillard. Ainsi, le petit jeu se perpétua...

- Mais que faites-vous, poules perdues?
Pourquoi n'allez-vous pas fêter avec vos poules-amies?
Ne partez pas, c'est inutile, car je suis prêt à tout et assidu,
Je vous trouverai bien un jour, déjà je frémis.

Mais je vous entends dans votre tohu-bohu de caquètements...
Vous êtes bien loin d'être subtiles, bien loin d'être discrètes.
Je vais finir par vous retrouver, peut-être difficilement,
Mais je vous assure que je vais y parvenir, petites bêtes!

Le temps avance, mais ça ne me fait pas peur,
Car je sais que vous, la nuit vous fera frémir,
Mais moi, je suis un travaillant qui laboure avec ardeur.
Allez, rejoignez-moi, contre votre maître vous blottir...

Le monarque parvint à rapporter toutes les poules à son maître plusieurs heures plus tard, alors que le Soleil s'était déjà couché, laissant place au trône de la Lune. Des brises glaciales faisaient virevolter ses oreilles, pendant que le doux cri des criquets l'amusaient. Rien semblait le perturber aujourd'hui... La tâche qu'il avait du accomplir avait été fort ardue, mais Mickey était parvenue à l'accomplir avec brio. C'était une mission originale que lui avait attribué Konan, un assistant de Yen Sid. Quoi qu'il en soit, il retourna auprès du paysan, qui semblait très satisfait de la labeur difficile du monarque. Ce dernier, quant à lui, semblait encore plus heureux, et affirma à son client d'une voix on ne peut plus conviviale :

- Voilà. Si vous avez encore besoin de mon aide, n'hésitez pas...
- Justement, puisque vous le proposez.
- Que puis-je faire pour vous, très cher?
- Mes poules ont faim... Pourriez-vous les nourrir?
- Mais certainement, monsieur!

Le Roi Mickey s'exécuta, et quinze minutes plus tard, toutes les poules étaient nourries convenablement. Lorsqu'il retourna auprès du fermier, celui-ci avait dans ses mains une pelle gigantesque. Il dit quelques secondes plus tard, présentant l'instrument au souverain :

- Pendant que vous êtes là, pourriez-vous creuser une tombe pour mon chat qui est mort?
- Mais bien sûr, ce sera fait dans 10 minutes.

Mais la tâche fut bien plus longue que prévu. La terre où il devait creuser était solide et difficile à transporter. Mais finalement, après maintes gouttes de sueur et respirations saccadées, le Roi Mickey parvint à accomplir la nouvelle tâche. Il commençait sincèrement à être exténué par tout cela, et voulait rentrer dans le confort du Château Disney, où il pourrait somnoler aux côtés de sa douce Minnie. Néanmoins, lorsqu'il revient près de son client, ce dernier demanda d'une voix rauque :

- Gardez cette pelle pendant que vous y êtes, y'a des arbres à déraciner là-bas.

Le paysan profitait clairement de la présence de Mickey pour lui faire faire des tâches qu'il n'avait pas faites depuis plusieurs années. De la peinture dans la salle de séjour jusqu'à la réparation d'une chaise, en passant par la traite de ses vaches et la messagerie Souris-Express, le monarque effectua toutes les requêtes de son client, jusqu'à ce que le rongeur en ait assez de tout cela. Alors qu'il devait se rendre dans la cité pour rapporter certains aliments au fermier, Mickey en profita pour quitter le monde le plus rapidement, en espérant ne pas avoir à confronter cet homme plus tard... Mais quel homme égoïste...