Ouais… C’est sûr, au début, je me suis dit que cette mission, c’était carrément la dech’ et que j’aurais jamais le temps de m’emmerder. Non c’est sûr… Mais là, ça n’avait plus rien à voir, dans le genre. A mon grand plaisir, cependant mais tout de même, ça allait être galère. Mais rien de trop dur pour moi, le grand et illustre champion de toutes catégories confondues, roi de la baston, Jecht. Sans dec’, c’est ça que représente ce tatouage sur mon torse et je devais m’en montrer digne alors bien sûr que j’ai accepté la mission. Ca va vous étonner par contre, si vous avez lu mes autres exploits mais là, c’était plus dans le Port Royal mais dans une ville immense. Non quand je dis immense, c’est vraiment un bas mot, le Port Royal à côté de ça mais c’était rien. Et y avait pas que ça qu’était immense, y avait un édifice, une cathédrale ou un truc dans le genre. Et sa hauteur n’était même pas imaginable, je ne savais même pas que l’homme pouvait construire un tel truc.

    Allons bon, lui était moins grand mais y avait aussi le Palais de Justice qui claquait pas mal dans le genre. Ultimécia avait été hyper claire dans le genre, elle me disait clairement d’y aller mais de faire gaffe parce que là bas, c’est blindé de gardes. Alors ma première question fut bien sûr : « Mon p’tit Jecht, à ton avis… Est-ce qu’ils ont aussi des apparences de lopette, genre ceux du Port Royal. »
    Ma seconde interrogation fut déjà plus de mon goût : « Mon p’tit Jecht, dis moi ce que t’en penses… Est-ce qu’y a une chance pour qu’il y ait un bar dans cette ville de bourgeois ? »
    Et ma troisième, celle que vous attendiez, jeunes lecteurs insoucieux et de race humaine ( Du moins j’espère) « Hey, Mon p’tit Jecht… Est-ce que tu casses tout ou tu la joues plus subtil que ça. »

    Allez, pour changer… De toute manière, pour étaler des centaines de gars, je le sentais bof…
    Alors, alors… Subtilité, subtilité… Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir trouver ?
    Et tout en y pensant, je me promenais dans la ville, près de cette cathédrale immense que les badauds ne semblaient plus apercevoir. J’y pensais mais je laissai vagabonder mon esprit. Ici, les boss, c’était le Consulat. Autant vous dire ce que je pensais et ce que je pense toujours d’eux… En soi, je trouve leur idée pas mal, enfin… S’ils sont fils des arts ou je sais trop quoi, grand bien leur fasse, j’en ai rien à secouer. Mais l’idée même. C’était pas des tyrans, c’est sûr mais ces gars là. Merde quoi… Combien dans cette putain de famille avait un jour du faire un choix ? Combien dans cette putain de famille avait un jour eu un véritable problème, combien avait vécu l’enfer ? Moi je suis né dans le Jardin Radieux, le monde qu’ils dirigent. Alors se rendaient-ils compte que derrière la forteresse, les édifices, les cathédrales, y avait l’enfer ? Ces gars là se comblaient sous leur paradis des arts en oubliant totalement la véritable laideur du monde… Et j’en sais quelque chose. Quand t’es né d’une putain et d’un gros connard qui pense qu’à sa bite, t’as vite compris que ta vie ne se résume qu’à une erreur.

    Alors de fait, ouais, ces gars là me dérangent… Des putain de fils de bourge.
    Du coup, alors que j’y pensais, ça m’a foutu le moral et j’étais bien décidé à les emmerder en accomplissant cette mission. Pour changer, j’avais pas pris mon arme comme c’était pas véritablement de la baston qui m’attendait. Donc, c’était déjà certain, si j’avais affaire avec un de ces consulateurs, je serai bien forcer de faire profil bas et Cassos…


    « Eh, Ironman ! »

    Ca m’était sorti comme ça, une bouffée d’inspiration et je dois dire que j’étais fier de ma vanne. Quoi, vous vous en foutez et voulez savoir qui était cet Ironman ? Bah, un garde tiens… Je l’avais vu comme ça dans la place en train de faire le fier.

    « Comment tu m’as appelé, bohémien ?! »

    « Comment tu m’as traité, connard ?! »

    Le mec a sorti son épée de son fourreau, genre pour en découdre, je lui ai attrapé le bras qui brandissait l’épée et l’ai tapé contre mon genou, lui faisant lâcher prise. Et sans comprendre pourquoi je le faisais, je l’ai étalé d’un coup de pied, me suis baissé et ai réfléchi… J’avais peut-être ma solution sous mon coude… (Ouais parce que je réfléchissais en l’écrasant de mon coude, ce bohémien.



    « Pourquoi qui m’avait appelé bohémien ? C’est pas l’équivalent de gitan ? », me suis dit… Ca m’est tombé dessus telle une évidence, j’avais une peau basanée, des cheveux longs et noirs. Un look plutôt sombre, j’étais probablement le moins bien habillé à trois cent mètres à la ronde. J’avais une gueule de gitan !


    « Oh putain, c’est parfait. »

    Et tout en rigolant, j’ai pris l’épée qui traînait à terre, ai enlevé le casque du garde, ai ouvert de force sa bouche… Et bon… Pour mon plan, fallait bien que… Voyez quoi… Enfin vous verrez mais je lui ai coupé la langue avec son épée au gars. Gore ? Mais je t’emmerde, t’as qu’à lire les exploits des autres Songes, je suis pas le pire…
    Et devant une centaine de personne qui fuyait, j’ai enlevé son armure au mec et l’ai mis entièrement, ainsi que l’épée. J’ai attrapé le mec qu’était évanoui, et qu’était presque à poil entre parenthèses et je l’ai mis sur mon épaule. Il était pas bien gros et pour mes muscles d’acier, pas de souci. Et sous l’apparence d’Ironman, je suis allé jusqu’au Palais de Justice.

    Je vous épargne du trajet, ça va me faire chier de vous le raconter. Merde quoi. Pourquoi vous expliquer ma façon de mettre un pied devant l’autre, t’as qu’à faire le trajet, tu verras bien ce que ça fera, jusque là viens pas m’emmerder avec tes conneries…


    « Salut ! »

    « … Qu’est-ce que c’est que ça ? »

    « Un clodo, il m’a agressé dans la rue… On le fout au trou ? »

    « … Montre le moi un peu ? »

    Et merde, faut toujours qu’ils demandent des conneries qui foutent un superbe plan à l’eau.

    « Euh… Vaut mieux pas, j’ai du recourir à la force et c’est pas franchement beau à voir. On dirait un gitan ! »

    Et je me suis mis à me bidonner sans comprendre c 'te blague pourrie.

    « Bon d’accord… C’est un peu radical pour le foutre au cachot. On ne met que les pires merdes normalement. »

    « Ouais mais… La clef ? »

    Il m’a filé une clé… Fils de pute, j’arriverais jamais à ouvrir toutes les cellules avec une seule clé…
    J’ai un peu inspecté les environs… J’avais de la chance de porter une armure parce que woh… Y avait bien une belle centaine de gardes, facilement… Et pas un seul qui pionçait ou qui matait la boulangère, non… L’élite, ici.

    Je suis descendu dans les cachots, genre en me grouillant bien… Direct tu comprends ce que je voulais dire par « l’enfer » quand tu viens là. Au-dessus, dans les rues, c’est impec’, tout le monde bien habillé, tout est beau. Ici c’était carrément différent. De la merde, du vomi, de la pisse, du sang jonchaient le sol. La seule chose qu’il n’y avait pas, c’était de l’eau et ceux qui me regardaient et m’insultaient avaient clairement l’air d’en avoir besoin.
    Les insultes, c’était violent. Ils cessaient pas.
    Et brusquement j’ai compris pourquoi j’avais qu’une clé dans la main… Y avait qu’une cellule immense, rien d’autre… Ils se marchaient tous dessus et semblaient ne plus avoir vu le soleil depuis des plombes… Mais leur gueule, je vous raconte pas… C’était pas de soleil qu’ils manquaient mais d’une femme à regarder, de bibine à siffler.

    Y avait deux gardes devant les barreaux de cette prison. J’ai jeté le mec que j’avais dépouillé une heure auparavant à leurs pieds.


    « Un de plus, les gars… »

    Le premier des deux gardes se baissa pour prendre le garde tandis que le deuxième tendit sa main pour avoir la clef. J’ai attrapé son poignet et d’un coup sec, l’ai brisé lui arrachant un cri énorme de douleur. J’ai vite asséné un violent coup de pied au deuxième gars, lui explosant toute son ossature, il était fini lui. J’ai dégainé l’épée du fourreau et ai tranché vite fait le mec au poignet brisé qui chialait.

    C 'était marrant de voir à quel point plus aucun des prisonniers ne beuglait… Ils avaient tous fermé leur gueule… Sans un mot, j’ai retiré cette armure et leur ai affiché un sourire de triomphe.


    « Vous êtes libres, les filles. »

    M’ont regardé avec un de ces airs. Dans le genre « t’es fou mon vieux », ils devaient même pas s’imaginer de pouvoir sortir. Ici c’était pas une prison, c’était pire. Et ils devaient être au moins cinq cents, facile…

    « … Ah ben me remerciez pas tous à la fois… »

    L’un d’eux m’a parlé alors avec beaucoup d’agressivité, genre je viens de te sauver les burnes mais bon…

    « Qui t’est toi ? C’est Clopin qui t’envoie ? »

    « Moi ? Euh… Ouais. »

    « Je pensais qu’il avait rejoint le groupe de Frollo. »

    Ouf, ça faisait beaucoup de noms à la fois…

    « Ecoutez les gars… Je viens pour vous libérer mais ce sera pas gratuit… »

    Là, ils semblaient déjà plus y croire. Ca devait leur sembler plus logique qu’un illustre inconnu vienne les aider en échange d’un service mais ils n’ont pas refusé l’offre et m’ont fait signe de m’écouter.
    C’est là que ça devenait dur… Dans le genre, là, ce serait plus dur que d’exploser une dizaine de gars, de détruire des bateaux ou quoi. Des Songes, j’étais pas le plus charismatique. La mission ne m’était pas trop indiquée…


    « Je m’appelle Jecht. »

    « On s’en fout de ton nom ! Qu’est-ce que t’attends de nous. »

    « Jecht ? C’est pas bohémien comme nom… »

    « Normal, je suis pas bohémien… Mais je suis pas différent de vous. Vous avez connu la merde pendant toute votre vie et moi, pareil. »

    « Ouais mais toi t’es dehors, nous on est dedans. Fais pas ta pute et explique-nous. »

    « Prenons la cathédrale. »

    Là ils ont fermé leur gueule, dans le genre. Dans le fond, ils étaient pas du tout comme moi. Dans mon genre, je connaissais pas mes limites. Tout simplement parce que j’étais certain de pas en avoir, de toujours exploser plus de mec, de toujours être le meilleur. Eux, ils étaient des merdes, des riens.

    « Qui est avec moi ? »

    C’est ce que je pensais, ils m’ont même pas répondu. L’un d’eux qu’était pas bohémien, l’un des rares, m’adressa une parole timide.

    « Pourquoi ferions-nous ça ? »

    « Et pourquoi pas ? »

    « Arrête ton char, connard, c’est pas parce que t’as explosé ces deux gars que tu pourras nous mener à la victoire. »

    « Euh… Tout d’abord, tu m’appelles encore une fois connard, fils de pute, je te démonte, tu vas rien comprendre. Ensuite, vous avez mieux ? Comme plan, est-ce que vous avez une meilleure façon de mourir ? Contredire cette religion, défier l’empire des Consuls. Soyez des hommes, montrez leur que… »

    « Et t’as un plan ? »

    « Un plan ? Attends, j’ai réussi à entrer dans cette bastille en tuant à peine deux gars alors bien sûr que j’ai un plan ! »

    J’avais approximativement dix secondes pour improviser un plan là… Je pensais qu’on allait bêtement tout casser et là, il me demande un plan…

    « … On sort et on casse tout ! »

    J’ai alors entendu quelques petits cris dans la cellule, des cris à peine percevables, des cris d’approbation mais la plupart des gars n’était pas convaincu.

    « Pourquoi s’emmerder avec un plan, vous êtes plus nombreux, clairement. »

    « T’es armé toi ? Eux, ouais. »

    C’est vrai qu’on avait à tout casser trois épées batardes et trois armures.

    « Si je suis armé ? Ca se voit pas ? Je suis blindé de détermination et mon cri de rage va les faire tressaillir, vous allez voir. Un peu de couilles, les mecs… Vous voulez pas revoir vos femmes ? Vos gosses ? »

    « Mais t’es con ! On va tous mourir. »

    « Dis-moi, dans vingt piges, quand tu seras mort ici ou ailleurs, de faim ou de quelque chose d’autres… Tu voudrais pas pouvoir penser à ce moment en te disant que t’as eu les couilles de sortir de cette cellule et de me suivre ? »

    Sur le coup, je les ai sentis réfléchir… Fallait que j’en profite, j’ai inséré la clé dans la cellule et l’ai ouverte…

    « On emmerde notre destin de bouseux… Défions la loi, défions la vie… Si la mort sourit à chacun de nous, alors tout ce que nous pouvons faire, c’est sourire à la mort ! »

    J’ai lâché l’épée que je tenais dans ma main et ai craché dessus.

    « Ce que nous faisons dans notre vie résonne dans l’éternité… Et je ne sais pas pour vous mais je n’écouterai plus cette voix dans ma tête qui me dit…

    J’ai posé mon pied sur la première marche de l’escalier qui menait vers l’extérieur, vers cette centaine de gars armée…

    « T’en es pas capable… »

    Je fis quelques pas, le bruit résonnait dans la prison.

    « T’es un raté… »

    Je ne me suis plus tourné et ai marché à pas réguliers tout en parlant d’une voix forte, toujours plus forte et déterminée…

    « Soumets-toi au plus intelligent. »

    J’étais alors dans les couloirs du Palais de Justice, non loin de l’extérieur mais ma voix leur parvenait encore…

    « Soumets-toi au plus riche. »

    J’ai ouvert les portes du palais de justice pour arriver dehors, devant cette petite armée d’hommes armés de longue épée… Et j’ai hurlé, les alertant tous de ma présence.

    « Soumets-toi… »

    Les gardes ont dégainé leur épée et m’ont foncé dessus en grand nombre. Et alors, tandis que j’avançais vers eux… Derrière moi apparurent dans une ruée furieuse, des centaines d’hommes, gitans ou blancs, costauds ou fluets, borgnes ou boiteux. Tous blindés de détermination et armés d’un cri de rage. Les gardes tressaillirent…

    Un homme apeuré est une proie bien facile pour un chasseur comme moi… Je participai avec rage au combat, frappant avec une joie non dissimulée. Mon regard était de fer et mon rire de sang. Nous les avons ainsi déchiquetés. Et quand cette bataille fut finie, j’ai regardé le parvis de cet endroit. Y avait-il seulement un de ces bouseux à terre, mort ? Si oui, trouvez le parce que j’en ai vu aucun.

    C’est beau de voir comme des hommes peuvent être comme des frères lors d’un combat. Ils m’avaient insulté mais là, ils me respectaient et cette victoire écrasante leur apporta un grand espoir.

    J’ai hurlé pour que ces centaines de brigands m’entendent…


    « Prenons la cathédrale. Qui est avec moi ?! »

    J’entendis ces nombreux cris de victoire résonner dans toute la ville.
    La bataille était gagnée, la victoire était certaine… Mais ma mission n’était pas encore accomplie.