- Cela commença comme commencent toutes les petites anecdotes, toutes les choses anodines. Et tout comme d’un sujet de conversation, on pouvait aisément chavirer dans un tout autre sujet, il en était de même pour les actes. Car une chose est bien sure dans l’Organisation actuelle, ce n’était ni un fanatique imbus de sa personne, ni une râleuse et encore moins un insouciant qui allait s’occuper d’une chose essentielle au bon déroulement de toute entreprise… La Propreté…
Le principal souci résidait dans le nettoyage des vitres, trop hautes pour n’importe quel simili, cette race n’étant pourvu que de rares similis inférieurs de grande taille…
Xaldin avait bien essayé pourtant, d’apprendre cette vertu à sa frappe d’élite, les Chimères… Mais après avoir tenté et cumulé des échecs, il comprit que ces similis aussi forts soient-ils étaient proprement incapable de se moucher tout seul… Leur apprendre lui prendrait plus de temps que de le faire tout seul…
Tenir une lance ne leur posait pas de souci, semblait-il, mais c’est à cela qu’on reconnaît un homme… S’il est capable de combattre et de nettoyer…
Il se risque à demander à chacun de ses membres dont la conclusion fut approximativement…
« Tu rêves, mon cher Xaldin. »
« Euh… Je passe… »
« Hum… J’ai une véritable mission à accomplir, vois-tu. »
Ce qui se solda par un cuisant et très humiliant échec… Aussi prit-il les choses en main… Sa polyvalence ne s’arrêtait pas au maniement de la lance et des arts martiaux, il était un méticuleux de nature, maniaque dans tout ce qu’il entreprenait… Il est un peu… Un peu…
« La Bonishe de ces bons à rien… Je t’en foutrais des missions à accomplir… »
Sa mission actuelle consistait à anéantir la capitale de la crasse vitrale… La Tour du Souvenir, Lieu de perdition et de poussière qu’on n’a plus nettoyé depuis…
« Oh mon Dieu, à quand remonte la dernière fois qu’on les a nettoyé ? »
Mais aux grands maux, les grands… Les grands… Les grandes solutions qu’on réservait au jour ou l’on serait vraiment au plus bas…
Et tel un samouraï s’apprêtant pour son ultime combat, il prit les armes…
Et dans une triste mélopée, un vent tiède souffla sur la sombre ville d’Illusiopolis, illuminée par une lune utopique. L’envie que celle-ci inspirait vainquait alors tous les autres vices de l’homme.
« Je me dois de me presser avant que l'on ne me voit, c'est ma réputation qui est en jeu.»
Et après avoir jeté quelques regards peu discrets autour de lui pour s’assurer de sa solitude, il se concentra et leva ses deux bras vers les cieux… Six tourbillons frappèrent la ville, gravitant autour de Xaldin. D’un geste de Xaldin, tous les tourbillons explosèrent pour laisser place à des balais. Le simili en attrapa deux de la main droite, une de la main gauche et tout en lévitant put maintenir les trois autres balais en l’air, emportés par la sphère de vent. Il accrocha des lavettes au plumeau de chacun des balais et les plongea toutes dans des sceaux remplis d’eau et d’un liquide bulleux. Et en un saut, il commença l’ascension de la tour, ne cessant de faire des coups de balais devant lui comme s’il était attaqué par des centaines de sans-cœurs. La vrille de coups des six balais nettoya peu à peu la tour, la faisant reluire de plus belle.
Son travail fini, Xaldin fit disparaître les balais et après s’être assuré une dernière fois de sa quiétude, prit la fuite vers la citadelle…